Leçon CDG n°2 : Histoire

Historique du contrôle de gestion :

Le contrôle de gestion en tant que fonction a été mis en place à partir de la fin du 19e siècle, c’est à cette époque que les premiers essais de techniques de calcul sont imaginés (Nikitin 1992) afin de répondre à une concurrence qui ne cesse de devenir acharnée afin d’avoir le coût le plus juste (6).

Aux années 30 suite aux travaux du colonel Rimailho la méthode des sections homogènes qui devient la méthode de référence de calcul des coûts complets (Lemarchand 1998) (7).

La méthode de direct costing quant à elle va être mise en place dans l’après-guerre afin d’accompagner les entreprises en forte croissance.

En France, c’est à partir des années trente que les premières expériences vont voir le jour (Berland 1999). Le contrôle de gestion connaitra son essor alors aux années 50 sous l’impulsion d’une activité qui ne cesse de grandir touchant ainsi un plus grand nombre d’entreprises. On verra également le déploiement des premières expériences de tableau de bord, moins sophistiqués qu’à  des périodes plus récentes, ils ont vocation à cette époque à représenter des données statistiques mais ils incorporaient déjà des données opérationnelles (8).

Ces techniques de contrôle de gestion sont apparues avant l’apparition des contrôleurs de gestion proprement dits car il faudra attendre les années soixante pour voir les premiers enseignements du contrôle de gestion.

C’est la période de l’information des entreprises d’où l’essor de la fonction avec une utilisation prépondérantes des PC, les tableurs Excel et puis plus tard l’intégration des ERP qui se fait petit à petit au niveau des entreprises. L’évolution de la fonction à cette période s’est faite grâce à l’allègement des tâches purement techniques qui nécessitaient un investissement considérable de la part du contrôleur de gestion.

Ces évolutions feront que la définition classique du contrôle de gestion connaisse un changement, nous sommes passés d’une définition du contrôle de gestion comme étant :

« Le processus par lequel les managers obtiennent l’assurance que les ressources sont obtenues et utilisées de manière efficace pour la réalisation des objectifs de l’organisation », à une nouvelle définition décrivant la fonction comme « Le processus par lequel les managers influencent d’autres membres de l’organisation pour mettre en œuvre les stratégies de l’organisation » (9).

C’est à ce moment-là que le contrôle de gestion connaitra une mutation qui changera le devenir de la fonction car le contrôle de gestion n’est plus délimité à assurer la vérification de l’information financière, désormais le contrôle de gestion a pour fonction également de pilotage au sein de l’organisation.

Les années 90 vont constituer une réponse aux critiques portées au contrôle de gestion jugeant la fonction comme secondaire en entreprise.

Les spécialistes du contrôle de gestion ont alors répondu par de riches propositions notamment la méthode ABC/ABM qui vient s’intéresser au cœur de l’activité de l’entreprise, le calcul du coût de revient est alors plus fiable pour une analyse stratégique. La méthode permet également de repérer précisément les ressources consommées surtout pour la partie mal analysée constituée des activités de support. Ceci est d’autant plus important que, les activités de support sont devenues prédominantes dans les processus de production.

  • L’EVA (Economic Value Added) : qui va être un indicateur de performance très utile pour les dirigeants. L’EVA permettra de mesurer la richesse générée par l’entreprise en prenant en compte des éléments du bilan. De ce fait les dirigeants ont parfaitement conscience du volume d’actifs et de dépenses quand ils prennent des décisions managériales.
  • Le Balance Scorecard : qui n’a pas substantiellement révolutionné le concept de tableau de bord mais qui a facilité la conception stratégique et son déploiement opérationnel, car l’apport le plus important du BSC était que le BSC prenne en considération un périmètre plus large d’informations, il s’agit de ne plus se focaliser sur l’information financière mais d’avoir une vision plus large pour faire face à l’environnement des entreprises qui devient de plus en plus complexe et incertain.

L’évolution considérable de l’informatique fera que le contrôle de gestion continuera d’évoluer modifiant fondamentalement les pratiques de contrôle.

Dans l’ouvrage « Les ERP changent-ils le contrôle de gestion ? » François Meyssonnier et Frédéric Pourtier, l’intérêt principal des ERP est que beaucoup de tâches qui étaient à la charge des contrôleurs de gestion sont automatisées et effectuées directement par l’ERP.

Les ERP alors ont fait que les opérationnels gagnent largement en autonomie, ils deviennent indépendants dans leur recherche d’informations sans que les informations dont ils disposent soient de qualité différente de celles dont ils disposaient avant implémentation des ERP. Ils peuvent avoir accès aux données dont ils ont besoin de façon directe, en temps réel selon leurs besoins. Le résultat le plus intéressant est que le contrôleur dispose de plus de marge pour se focaliser sur des activités d’analyse et de prévisions au lieu de se limiter ou d’investir énormément de temps sur la phase du reporting (10).

La qualité du pilotage de gestion est alors améliorée.

D’après Scapens et Jazayeri (2003) (11), les ERP permettent quatre évolutions en matière de contrôle de gestion :

  • l’élimination des tâches routinières (paye, une partie de la budgétisation, etc.) ;
  • le transfert de connaissances comptables aux managers de terrain ;
  • l’utilisation d’indicateurs avancés plus nombreux (éléments physiques précurseurs des performances plutôt que mesures financières les constatant) ;
  • un rôle plus large des contrôleurs de gestion ;

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(6) Nikitin, M, « La naissance de la comptabilité industrielle en France ». Thèse de doctorat en Gestion et management. Université Paris Dauphine – Paris IX, 1992

(7) LEMARCHAND, Y. & LE ROY, F, « L’institutionnalisation d’une pratique de gestion: introduction de la comptabilité analytique en France ». 19e congrès AFC 1998

(8) Berland N, A » quoi sert le contrôle budgétaire ? », Finance contrôle stratégie, vol. 2, n°3, p. 5-24, 1999

(9) Anthony Anthony R.N., “The Management Control Function”, The Harvard Business School 1988.

(10) François Meyssonnier et Frédéric Pourtier 2006 « Les ERP changent-ils le contrôle de gestion ? » (11) Scapens et Jazayeri ERP Systems and Management Accounting Change: Opportunities or Impacts? A Research Note 2003

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